dimanche, novembre 23, 2008

Etoile et correspondance.

Aube.

J’ai passé une bonne partie de la nuit/début de matinée à finir ma jupe. Oui, je me suis mise à la couture ! Sans machine à coudre, c’est un peu la galère, mais ça fait du bien de faire quelque chose de ses petites mains, de temps en temps.
Plus tard, je pourrai être faiseuse de jupes (aux finitions bâclées.)


Petit aperçu :






~ ~ ~ ~

Attention, information capitale.
Avec Lou, ou la demoiselle hirondelle, depuis quelques temps, on voulait créer un espace sur le net, où l’on partagerait ensemble nos photos.

Et bien, le voici : tout neuf, tout beau… Coup double !



~ ~ ~ ~


Crépuscule.

Soleil couchant et quelques flocons de neige.
Je me suis rarement sentie aussi légère.

Petit retour en arrière. Lycée, en 1ère.
Prenez le meilleur prof de français jamais croisé jusqu’alors, et un livre à la couverture très souple, éditions Gallimard. A l’intérieur, les sœurs Papin, sous la plume de Jean Genet.
Vous obtenez un 16 à l’oral de français (à côté de mon 2 en maths, j’en ris encore…), et surtout LA pièce qui m’a réconciliée avec le théâtre.
Des années que j’en rêvais, de la voir prendre vie.
En attendant, j’ai essayé de me consoler avec les Blessures assassines (par Jean-Pierre Denis).

Et puis, jeudi dernier, il y a eu le Petit bulletin et son « Y a ça qui a l’air par mal ».
Dimanche 23 novembre, les Bonnes de Genet sur les planches lyonnaises.

Trois ans que j’y pensais : une pièce le 23 novembre.

J'aime la force des instants-liants. Les vrais, les rares, les si précieux. Pas du théâtre, non. Une partie de chacune.


Parce que ton étoile, elle, n'est jamais loin.

samedi, octobre 25, 2008

Un nouveau pensionnaire (et pas n'importe lequel).

Aujourd’hui, la petite stagiaire que je suis avait rendez-vous avec son collègue de projet pour aller présenter l’assoc, obtenir une salle à la médiathèque, et trouvez quelqu’un d’assez sympa pour s’invertir un peu dans le projet avec nous. (Passionnant, tout ça.)

A l’entrée : « Ah oui, la salle… La salle pour le spectacle de ce soir, c’est vous c’est bien ça ?
- Ah non non non, c’est pas nous ça ! Nous on sera avec des ados, après les vacances… »
Sourire fier du monsieur, à la j’t’ai eue, petite.
Hé ouais, ma naïveté a encore frappé.

Bref, après quelques montées et descentes d’escaliers, un monsieur accepte nous aider. [ô joie, un problème de (presque) réglé, la vie sociale me tend les bras...]

Vint le moment fatal : celui où il faut noter l’adresse email du monsieur. Je m’explique. Mon bloc-notes a été ensevelit, il me faut vider mon sac. Deux livres, trois DVD (la médiathéque, c’est la vie !) et surtout…. Globolf...
… Ou comment perdre toute crédibilité en à peine cinq secondes :

Après Audrey (la poule !) et tant d’autres, Globolf !

Globolf… Quelques heures plus tôt, sur la colline lyonnaise, une fête forraine.
Une fête forraine et Mr S., grâce à qui j’ai pris conscience de l'ampleur des dégâts dans les casinos, et la demande croissante de psys sur le terrain.
Au bout de quelques pièces glissées dans les machines à pinces (ou attrapes nigauds), son déterminisme a payé : voilà qu’il me met Globolf dans les bras.
Je n’ai évidemment pas pu résister longtemps à ses yeux globuleux.

A suivre.

Globolf sous un autre angle, c'est par ici !

vendredi, octobre 17, 2008

Matins & Décousus.

Hier:

Je repense souvent à cet été. C’est dingue comme ils m’ont permis de m’encrer, tous.
Le premier contact, T-shirt XXL jaune poussin (pas la casquette, faut pas abuser non plus), dans l’herbe, aux pieds des cars. Je suis allée m’accroupir à côté du jeune homme au même prénom que mon frère (et d’un autre frère, liant), qui après quelques mots et sourires a soulevé sa manche en disant « Il faudra que tu me prennes mes rasoirs. » J’ai avalé ma salive, en pensant que je ne pouvais plus reculer, ça y est, ça devenait réel.

D’ailleurs, contrairement à ce que je pensais, les premiers contacts ont été faciles, j’étais pleine de projets.
S’en est suivie une descente assez violente : la réalité institutionnelle. Le nombre incalculable de fois où on a dû froler la maltraitance.

Premier octobre. « Moi c’est Audrey, j’suis aussi en psycho. En fait, j’vais m’occuper du projet identité culturelle, on s’verra surtout à la médiathèque. Mais pour le moment, j’viens aux perms. Ah oui, j’viens d’arriver dans l’assoc, aussi.» Stage dans l’accompagnement scolaire, comme ils disent. Un clin d’œil silencieux.

L’ambiance, très conviviale au début, commence à ternir un peu. Je me demande comment on peut être aussi convaincant dans son rôle d’adultes avec les ados, et régresser (délires de pouf’, tu m’as fait une remarque qui m’a pas plu, non non j’veux pas en parler, j’préfère te faire la gueule, s’acharner sur un ou plusieurs bouc-émissaires, sans oublier les immanquables potins).
Réalité institutionnelle, nouveau volet !


Heureusement, à côté de ça, des liens commencent à se tisser avec les ados (même si je suis tout à fait incapable de les aider à faire leurs maths. Non, pas seulement les maths des lycéens, puisqu'à partir de la 4ème, je bloque.)

~ ~ ~

J’aime les matins à contre sens. Grand bol d’air non-enfumé, et tous ces gens qui ont déjà commencé à courir après le temps. Une parenthèse, le temps de rentrer : quinze minutes sous l’eau chaude, se remettre un bandeau dans les cheveux, et repartir s’engouffrer dans le métro.
Les réveils originaux, aussi.


Ici, on vous dit "très bonne soirée", et quand vous êtes perdue et trempée à la tombée de la nuit parce que ça fait une demie-heure que vous marchez sous la pluie, un gentil monsieur descend de son vélo et vous amène jusqu’à la rue-mystère.

Quand vous entendez « Mad’moiselle ? », le « putain qu’est-ce qu’il m’veut », vous ne le pensez que rarement.

Ici, quand un monsieur aveugle marche trop près des rails du tram, il y a toujours quelqu'un pour l'attraper par le bras « Hé cousin, où est-ce que tu vas comme ça ?! ». Quand on a la même couleur de peau on est frères, sinon on est cousins, c'est aussi simple que ça.
Parfois je pense (assez sérieusement, je dois l’avouer) que ce serait un bel endroit pour faire un remake d’Amélie Poulain.
Oui, c’est ça : un bel endroit. Ca résume bien.

(Même qu’on a encore jamais essayé de me vendre du shit.)

Bar-péniche, pâtisseries orientales, tandooris (et nâan au fromage, évidemment !). Nocturnes, c'est toujours meilleur.


~ ~

La plupart de mes nouveaux collègues sont de grands globe-trotteurs.
Je me sens souvent très (trop) jeune. Pas seulement à cause de mes 20 petites années, mais surtout de la richesse de leurs regards, qui se sont posés sur tant d’Ailleurs.
Pas mal de musiciens en herbe, aussi. (D’ailleurs, si le soleil pointe le bout de son nez, il se pourrait que Willow découvre celle du parc aux roses.)

[Aux demoiselles rouennaises : pas de retour au bercail pervu avant Noël. J'ose espérer que personne n'ira skier pendant deux semaines, hein !]

~

Mardi, dans le métro. Les folies d’Espagne dans les oreilles, comme tous les matins.
Le soir, rebelote. Mais un écouteur en moins pour écouter la fille qui lisait le journal à voix haute « pneumonie foudroyante, âgé de 37 ans il laisse le souvenir d’un acteur doué et d’un homme torturé».
L'écorché vif, dans tous les journaux, sur toutes les lèvres. Je déteste cette expression.



lundi, août 25, 2008

De retour d'un presque autre monde.

De retour d’un monde parallèle. Où tout est plus vrai, plus spontané. Où j’ai croisé les regards les plus riches de toute ma courte existence.

L’immense claque, la première semaine. Une des pires de ma vie. Décalages en tous genres.
Malgré un premier contact naturel et plein de petits projets, la réalité finit toujours par l'emporter. Les troubles attentionnels, du comportement, le repli extrême de certains, et tout le côté sanitaire auquel je ne m’étais pas du tout préparée.
Et le moment des douches, que je prenais comme une intrusion dans leur intimité.

Les médocs. Atarax et théralen à gogo, jusqu’à 300 gouttes par jour.

Le choc en apprenant qu’après les animaux, les personnes handicapées mentales servaient de cobayes pour les nouveaux médicaments mis sur le marché. Comme beaucoup sont pupilles de l’Etat, il faut bien récupérer l’argent là on peut, hein…

Leurs évolutions, petites ou grandes. Qui font oublier la fatigue, la vaisselle, et surtout les divers ‘accidents’ (heureusement pour la nourriture qui se trouvait dans nos estomacs, il n'y avait qu'une personne encoprétique...)
Métamorphoses. Notamment un qui est passé de « J’ai mal à l’anus, j’ai mal à l’anus, j’ai mal à l’anus, j’ai mal à l’anus (…) Tu peux regarder hein, tu peux regarder ? » à des délires/imitations de rockeurs.
Les premiers mots de Sophie, sa main dans la mienne, un soir de juillet.
Les questions qui fusaient au musée. Leur sur-excitation avant les soirées à thème.
Leur créativité révélée par les activités manuelles (de l'argile, ENFIN !).
Leur constante demande d’affection.

Louise Attaque pendant les comptes rendus d’observation.
Les sursauts pendant les tours de garde, armée d’une lampe torche ou de la lumière de mon portable (curieusement, la lampe torche, on l’oublie une fois, pas deux…)

Les cinquièmes esquivés pour arriver à cinq heures et demies de sommeil.
Les mauvais jours, à fleur de peau.
Mais leur joie de vivre, quoiqu’il arrive.

L’urgence. Les crises de paranoïa. Mon baptême d’ambulance, un rapatriement en hp. Une nuit à l’hôpital, où on a cru qu’un transformiste était mon « fiancé ».(A vrai dire, j’aime bien ça, l’urgence. Juste pour la pousée d'adrénaline.)

Tellement d’autres choses, difficilement racontables.

Je crois que c’est leur rapport au corps, le peu de frontière entre la vie collective et leur vie affective et sexuelle qui m’ont le plus marquée. En un mois, on en a vu des choses. Exhibitionnisme (beaucoup), une nympho, et même une tentative de viol (homme/homme). Quasiment aucune limite. Ca dépasse la morale. La sexualité, personne ne voit l’intérêt de leur en parler. Des enfants dans le corps d’adultes. Sauf que c’est un peu plus compliqué que ça, et qu’ils sont souvent bien plus malins qu’on le pense.

Et Jean Mich’, le pervers de service tant redouté des anim-filles en début de séjour. Bouc émissaire idéal pour les autres. Ses innombrables tentatives de blottage, et moitiés de repas finies sur mes genoux (causes : pas de dentier/précipitation).
Jean Michel, qui fuguait pour aller acheter ses BN (au chocolat, s’il vous plait !)
Le plus photogénique des vacanciers (et surtout, le plus attachant. Mais ça, faut pas le dire.)
Comme j’aimais aller le réveiller pour aller manger. Un peu moins quand il fallait lui arracher ses magazines pornos des mains pour le faire sortir de son lit.
Sa lucidité et sa générosité. Nos discussions, enfumées par ses L&m. Soixante ans, meilleur ouvrier de France en plomberie, il y a une quarantaine d’années.

Ses clowneries.
Je ne l’aurais jamais cru avant, adorable et pervers sont loin d’être incompatibles. (Précisons que de petites pilules bleues nous protégeaient de ses pulsions.) Les larmes refoulées quand à Paris, ils se sont mis à deux sur lui, un bras chacun, direction l’hp. Alors qu’il aurait suffit de lui lancer un regard noir et de quelques mots (suivis d'un clin d'oeil) pour qu'il se recentre.

Les seules choses que je regrette, c’est de n’avoir pas eu plus de temps à leur accorder, individuellement; de n'avoir pas pu intégrer la musique. Et le départ pour Paris, tellement à l’arrache que j’ai même pas eu le temps de leur dire au revoir à tous.

[Par contre, ma réserve de patience se trouvant momentanément épuisée, des réactions inhabituelles sont à prévoir.]

Je repartirai. Plus en double séjour (deux niveaux d’autonomie différents), avec moins de vacanciers, certainement moins d’un mois, et avec une équipe un peu plus… homogène. Mais je repartirai, ouais. C’est fou ce qu’on apprend, dans ce monde parallèle. A repousser ses limites, surtout.
Et même à poser un dentier.
En espérant recroiser le chemin de certains.
Une putain d’expérience.

A leurs étoiles.

samedi, juillet 26, 2008

-&-

Alors voilà. Les vingt mètres carrés près des quais ont été quitté en début de semaine. Trois ans d'occupation, et surtout, d'inchiffrables passages. De quelques minutes à quelques jours.
Mes vingt mètres carrés, inaugurés par Adeline.

Mon dernier contact (humain) rouennais a été une petite vieille, sur les bancs du hall de la gare.
Après trois "pouvez-vous me dire si mon train est affiché ?", je me suis dit qu'elle devait s'ennuyer, la ptite vieille. Alors, j'ai délaissé les folies d'Espagne pour l'écouter, elle.
De magnifiques projections, comme "regardez celle là, des chaussettes hautes en plein été, non mais... Elle doit avoir des varices !" [La fille aux chaussettes avait une quinzaine d'années]. Elle a cru mourir plusieurs fois dans la journée. Douze ans de plus que ma grand-mère.
En douze ans, elle aurait sûrement eu le temps d'être arrière-grand-mère.
La mort, c'est quand on cherche à la nier qu'elle frappe. Putain.
Mais la ptite vieille, elle était sympa. Du coup, je me suis efforcée de penser à autre chose, et le temps a filé.Quand la voie de son train s'est affichée, j'ai presque eu envie de ne pas le lui dire.

Demain, Paris & sushis.
Et puis ce sera le grand départ. Un mois de collectivité. L'objectif étant de voir des yeux briller, le plus possible.
Je ne sais pas dans quel état je vais revenir, mais j'ai hâte d'aller "apprendre sur le tas", comme ils disent.

Avant cela, séjour expérimental, suite et fin.

Sous le regard de Delphine, la plus discrète (et efficace) des capteuses d'instants.


Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bel été.
:)

vendredi, juillet 18, 2008

M.F.

Willow et moi avons eu l'opportunité de participer à un séjour campagnard de quelques jours.
Occasion de clore le chapitre Normandie sur quelques notes et des milliers de pixels.

Un de principaux objectifs était de tourner un court-métrage, le plus grotesque possible (bientôt en ligne, quelque part dans cette jungle qu'est le net.)

En voici un bref extrait.





(Oui, la chose blanche est bien une couche. Ou plutôt un "change pour personne incontinente".)

Et surtout, j'ai appris quelque chose qui va très certainement bouleverser mon avenir professionnel, et celui de Willow (l'un n'allant pas sans l'autre, évidemment !)
…On a de l'avenir dans l'élevage de bovins !
Eh ouais, qui l'aurait cru ?!

Figurez-vous que les ondes émises par le violoncelle attirent INSTANTANEMENT les vaches. Au point de se retrouver entourés du troupeau d'à côté (et, en ce qui me concerne, de commencer à angoisser) en moins de trois minutes.

EDIT :
La preuve en vidéo :
[Attention, contient une séquence scatologique, pouvant heurter la sensibilité, hum... des plus sensibles.
Et surtout, par pitité pour vos oreilles, éteingnez le son !]



Bref, si vous êtes vacher et que vous peinez à rassembler votre troupeau, procurez-vous un violoncelle (et respectez le, ou il dépérira).
La guitare électrique, on a testé, ça ne fonctionne absolument pas.

A suivre, enfin peut être, d'autres extraits vidéos et/ou photos de ces quelques jours expérimentaux.

mercredi, juillet 16, 2008

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En presque exclu, le petit papier si précieux vient d'arriver : LE master devant lequel lequel je bavais depuis un semestre... Ils veulent bien de moi :D

C'est fou ce que ça soulage de savoir qu'on ne sera pas une semie-étudiante à la rentrée.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah :D

...Ca va être l'occasion de prendre mes études un peu plus au sérieux...

[Murielle, merci beaucoup pour la recette des Nâan !!]

vendredi, juillet 11, 2008

Pré nostalgie nocturne.

Alors voilà, les derniers sont arrivés. Prématurément, le mois d'août s'annonçant comme une des plus grandes expériences humaines de ma (courte) vie.

Tous les papiers ont été soigneusement pliés et envoyés.
Tiens d'ailleurs, le monsieur toujours assis à l'entrée de la Poste est passé au tutoiement aujourd'hui. Pour éviter qu'il n'entre d'avantage dans la sphère privée alors que je m'en vais, j'ai pris la (grave) décision de ne plus emprunter ce trottoir.

Qu'on veuille de moi ou non, dans à peine deux mois, j'aurai quitté la Normandie.
Juste quand j'étais prête à répondre "tout à fait" à la question "Vous sentez-vous rouennais(e) ?"des questionnaires passés un peu moins de dix fois en trois ans.

Donc, je m'en vais bientôt. Pour d'autres quais, si tout va bien. (Les marins en moins.)

Vous l'aurez compris, l'heure est extrêment grave. Pour pleins de raisons.
Il n'y aura plus de fous rires dans le téor à 20h30, plus de potins d'amphi, de match d'impros, de "Ceci est une VVVVVVVVV IIIIIIII"®, de TDA, d'amphi 400, de boudin fécal® , de "bon ben, vous venez chez moi boire un cappu' ?"®, de concerts/bières, de forclusion du nom du père, ni même d'appel au suicide collectif. Bien que ça, si, même à distance, on peut continuer.

Plus de Toby(ou presque...), plus de Jean-Jacques, ni de Gérard(s), encore moins d'appels de Bernard, l'homme à la sonde urinaire qui a égayé mon semestre… Je me dois de rendre aussi hommage au monsieur dont la théorie a failli entrainer la honte de ma vie. D'autant plus qu'on était ses tous derniers poulains. (Heureusement, je me suis aperçue du magnifique contre-sens avant de rendre le dossier/qu'il ne parte à la retraite sur un échec cuisant...). Et bien sûr, à Odile & Jocelyn.

Ouais bon, j'vais peut être éviter de m'achever maintenant. Y a mieux pour le moral que de faire une liste pas du tout nostalgique à trois heures du mat'...

[Message à l'intention des quelques psycopines-ami(e)s qui passent par ici : étant donné toutes les épreuves que nous avons déjà vaillamment traversées, notamment une pré-séparation cette année (encore une fois, Narnard m'a sauvée !), nous survivrons à l'épreuve de l'éparpillement !]

La pièce que j'aurais rêvé offrir à JBK m'attend, à la lumière de quelques fleurs.

Et petit frère qui dort, juste à leurs pieds.


(En fait, maintenant ça se passe aussi par
ici .)

vendredi, juin 13, 2008

Une banale histoire d’asymétrie : nous debout les mains dans les poches, lui avachi par terre.

Mercredi, lors d’une pause (ou plutôt, d’un acte suicidaire) avec une demoiselle-collègue et surtout amie, on s’apprêtait à rentrer sagement chez nous pour nous remettre à nos devoirs d’étudiantes, lorsqu’un monsieur, qui marchait en sens inverse, nous a coupé dans notre bref élan de motivation.
Il voulait qu’on appelle un foyer pour SDF, qu’ils viennent le chercher.
A notre « on n’a pas le numéro, comment vous voulez qu’on appelle… » il a rétorqué « vous pouvez allez demander l’annuaire au café, à côté ? S’il vous plait... »
Un peu moins naïve de base que d’habitude (eustress), je lui ai demandé pourquoi il ne pouvait pas aller le demander lui-même, l’annuaire. « Vous savez, moi j’suis un SDF. Ils s’en foutent, eux, vous savez. J'suis SDF. J’suis rien. »
Et puis, il a soulevé son pantalon pendant que je lui disais « non non, c’est pas la peine », laissant voir sa jambe gauche, entre rougeâtre et violette.

Plus les secondes de contact défilent, et plus vous vous sentez impliqué(e)s.

« S’il veut pas se déplacer, c’est qu’il fait le fainéant. Nous on se déplace pas. »
Alors, avec Melle C., on est allées demander au monsieur (qui de debout était passé à avachi sur une marche) s’il voulait qu’on appelle le samu social.
« Ben d’accord, mais j’veux pas aller à l’hôpital hein, dites leur bien, surtout pas l'hôpital, j’veux aller au foyer, pas à l’hôpital. »
Il a eu le temps de nous demander trois fois une cigarette, la seule chose ait dit à haute et intelligible voix, répondant « Ah, c’est bien ça, vous avez raison » à nos « Non, on fume pas ! »

Bien sûr, le taxi pour SDF, ça n’existe pas.
Après m’avoir demandé son nom, ce qu’il avait, et où il se trouvait, la dame au téléphone m’a dit : « Il faut qu’il attende votre monsieur, y a un bus qui va passer. La tournée vient de démarrer.
- Oui mais, combien de temps ?
- Ah ça j’peux pas vous dire. Peut être d’ici deux heures, mais ça peut être dans la nuit aussi… »

J’ai pas osé lui dire qu’il allait moisir sur son trottoir. Mais il a compris.

En rentrant, j’ai pensé au cours de Régine : elle nous expliquait la désintrication psyché/soma, en l’illustrant avec le cas des SDF qui ne ressentent plus la douleur physique. Et c'est vrai que c'est le premier que je croise qui dit qu'il souffre, physiquement.
Il était surement en train de commencer à la quitter, la rue. Ou alors il y était depuis peu. Ou il utilise d’autres mécanismes de défense. Enfin bref .

J’y pensais plus. Jusqu’à il y a quelques heures, à l’intérieur de l’engin bleu dans lequel on a tout intérêt à se tenir dans les virages.
Un homme allongé par terre, très pâle. Deux autres personnes debout, s’approchant de lui avec une couverture de survie.
A 200 mètres de là où on l’a laissé mercredi.

Evidemment, le temps de se dire "merde" , de réfléchir, tant pis, l’acculturation attendra un peu plus, d’entendre les sirènes, d’appuyer sur « arrêt demandé » et de faire demi-tour, les pompiers étaient déjà repartis.
Plus aucune trace, rien.

Comme le monde est petit, il n’est pas impossible que ce soit l’externe de mon entretien de recherche qui s’en soit occupé.
Oui, les gens de la rue, ce sont exclusivement les externes qui s’en occupent.
Les internes et les Docteurs (surtout) ont bien trop peur de salir leurs belles blouses blanches.

"T’as pas envie d’y aller parce que c’est de la misère plus que de l’urgence, mais ils sont ouverts, ils ont une grosse plaie là donc va falloir les recoudre… Mais t’as pas envie d’y aller quoi. Tu vas y aller, tu sais que ça va puer, ‘fin…"

Je me dis qu’il n’est pas impossible non plus qu’il soit mort à l’heure qu’il est, et que personne ne connaisse son nom.
Qu’il soit juste un corps non identifié, au niveau moins quatre du CHU.

Vous me direz, y a plein de gens qui sont ramassés par les pompiers ou le samu social, chaque jour.
Sauf que lui, c’est pas « plein de gens », mais Thierry Aubert.
Je lui devais au moins une note.

lundi, juin 02, 2008

Les joies de l'administration, énième acte.

J'ai passé la journée dans des services administratifs divers et variés au lieu d'avancer mes synthèses&dossiers/réviser mes partiels. Trop chouette.

La palme revient bien évidemment aux secrétaires de la fac.
" J'peux passer mes exams avec un passeport périmé et un certificat de scolarité, à la place de ma carte étudiante et carte d'identité ?
- Euh, en théorie, oui...
- Non mais... J'ai un partiel MERCREDI, il faut que que je sois sûre de pouvoir le passer sans problème.
- Ah ben, je sais pas trop. Allez plutôt voir à la scolarité administrative, au fond du couloir.
(...)
-Ah non, j'peux pas vous refaire votre carte sans photo d'indentité.

Et où elles sont les photos d'y a deux ans ? (C'est très pratique, huit d'un coup, vous êtes tranquilles pour un moment [normalement] !) ...Dans mon portefeuille ! Avec toutes les photos, eues à l'usure pour la plupart, que je ne reverrai pas.

Devant le photomathon, j'ai constaté qu'il me restait très exactement trois euros et quatre centimes. Sauf que pour des photos, c'est minimum quatre euros.
Alors, j'ai retourné mon petit chez-moi à la recherche d'un malheureux euro, ou mieux, de photos d'identité.
Et voilà l'aboutissement de vingt minutes de recherche :




Le pire c'est que sur le moment, j'ai pensé "bon ben...Pourquoi pas ?!"
Et puis j'ai mieux regardé.
Ma tête bizarroïde, les moustaches de lait (comme quoi, le photographe, il faisait vraiment ça à la chaine, ça lui coûtait rien de me demander si c'était volontaire ou non avant de faire la photo...), et surtout, la robe soigneusement choisie par ma mère... tellement... J'trouve même pas de mot.

Finalement, non. Surtout que ça devrait aussi me servir pour ma future nouvelle carte d'identité.
Y a un collègue qui doit passer, je vais devoir le raquetter. Plus le choix. Et demain, je lui apporte sa putain de photo.

dimanche, juin 01, 2008

*


Extrait du DVD « Têtes Raides: Aux bouffes du Nord» (Tôt ou Tard/Warner 2003)


Heureusement que sous le chapiteau, le mois dernier, c'était pas ça. Sinon je crois bien je ne me serais jamais remise du « Et, c’est tout ! »

Quand le sort s'acharne.

Depuis jeudi, où un grand monsieur de la psycho sociale m'a annoncée le plus naturellement du monde que le dossier "non non, c'est pour le 5, pas le 12" (plus assez de ressources pour en rire nerveusement, ma binôme s'en est chargée à ma place), descendre des escaliers me demande un gros effort de concentration.

Le mois le plus merdique de ma courte existence touchant à sa fin, je pensais qu'enfin... Mais non. Il fallait que le dernier jour du mois ressemble au premier.

Alors que je m'auto persuadais qu' "une anim', ça doit avoir l'air de respirer la joie de vivre. Et puis surtout contenance, contenance...", à 7h30 en prenant un tourniquet du métro, on s'est dit que mon portefeuille ferait un joli butin.


Tout de suite, je me suis demandée comment j'allais faire pour le partiel de mercredi, sans carte d'identité ni carte étudiante.
Une éventuelle solution trouvée, vint le tour de ce qui ne pourra jamais être remplacé : les photos. Là, j'ai senti un début d'effondrement dépressif, assise sur les marches de la mairie de Montreuil.
Subitement, en passant, un monsieur m'a glissée quelques mots narcissiquement gratifiants. Complètement défoncé, le monsieur. Mais sans le savoir, il m'a sauvée.

J'ai pensé à ma fée et à la bague de mamie, qui n'étaient pas dans la petite poche_secrète du portefeuille, comme souvent, mais dans l'étui fuishia d'Houda et à mon annulaire droit.
A la catastrophe que ça aurait été s'ils avaient pris mon sac (appareil photo, tous les poly de JPK, articles pour mon TER, l'étui fushia, des Kinder Chocolat* [dont un lamentalement écrasé au fond, d'ailleurs. Bon ok, les Kinder, c'est secondaire],et surtout, ma boîte à musique moderne).


Et puis, j'ai appelé une demoiselle qui a bien voulu sortir de son lit pour m'accompagner raconter ma petite histoire face à un immense portrait de Sarkozy à l'Elysée (c'est trop top ça.)

Dans l'histoire, j'ai gagné une tarte au citron, un mois dans l'équipe du jeune homme qui m'a pistonnée sans me connaitre; et, parce que "mon prof de kholle est en retard (...)", une bonne heure de liberté-solitaire :




* Pensées pour la demoiselle qui, elle aussi, se shoote au chocolat. J'ai regardé tous les paquets du rayon pour voir quels étaient les nouveaux prototypes de l'Enfant bien comme il faut, selon son sexe et/ou sa couleur de peau.

dimanche, mai 25, 2008

"Bientôt".

Mots clés du moment : Efficacité; Rapidité; Ambivalence; Coping.
Auquels on pourra bientôt ajouter Nostalgie.

En fin de compte, c'est rigolo, de travailler en groupe. Entre le contexte théorique et la grille d'analyse de contenu, un soudain moment d'intimité. On vous met un bébé de 9 mois dans les bras (là, vous priez pour que le vomi, ça soit réservé à la maman), on commence à vous raconter la vie sexuelle d'une collègue absente. Ou même, on exhibe ses seins devant vous. Ouais, c'est particulier. Ca doit être Freud qui déteint.
Il faut aussi se retenir de ne pas ouvrir de grands yeux quand vous entendez "J'vais devoir rentrer, y a Plus belle la vie qui va commencer !".
Heureusement, la productivité prime. A grand renfort de flan maison.

Deux semaines sans toucher à Willow. Son sol à rejoint son do.


Bientôt, il sera temps que je me procure ma bible, enfin !
Bien trop de "bientôt", en fait.


Nepasseposerdequestions, nepasseposerdequestions.

Les moments de répit n'en sont que plus précieux.

Eteindre toutes les lumières. Ou presque.

mercredi, mai 14, 2008

A la volée.

Lou, Merci.

Puisque tout va trop vite, il me faut prendre le pas. Tout prendre à la volée, les téors, les portes, rentrer dans les gens à contre sens, tant pis. Déjà loin.
Un haut de petite fille, après tout, pourquoi pas ?


Le livre de Willow, il n'intéressait pas grand monde. La gardienne l'a retrouvé. Et son enveloppe, déchirée dans les toilettes du hall. " J'ai pensé "musique", et j'ai fait le lien. Je savais bien que c'était à vous."
Depuis, elle a demandé à ce qu'on ne dépose plus de courier à la loge, le samedi.
Faudrait qu'elle lise Barbery.


Ah, et, voici Violetta. Adoptée le week end où il fallait être heureux. Ca a plutôt bien marché, d'ailleurs. Elle m'a accompagnée partout, depuis. Même qu'elle sait même pas piquer.
Je disais donc, Violetta. Dénichée sur les terres où j'ai poussé jusqu'au lycée.
(oui, c'est d'une importance capitale.)


Encore dix minutes. Sa bougie se consumme doucement.

En toute impudité. (Parce que j'aime pas les mots en "eur".)

Sur le trajet se dire que la solution, c’est de ne plus parler. Oui, voilà. Sans parler, je peux tenir. Juste une boule dans la gorge, c’est gérable, allez.
Sauf que la stratégie du mutacisme rencontre très vite ses limites, notamment avec l’automatique ça va ?

L’hôpital. Se blinder un peu plus à chaque «t’es sûre, hein ? » « c’est pas facile, tu sais, c’est peut être mieux que…. ». « Il parait que c’est mieux pour faire son deuil de toute manière ». Ne plus rien entendre.
Enfin, le monsieur en costard apparaît.
L’ascenseur qui déconne. Niveau moins trois.

Une gorgée de sirop de pêche avant de franchir les portes gris-moche.
L’angoisse parce qu’ « ils lui ont enlevé son alliance », et puis non, elle est bien là, à l’autre main. Ses doigts boursouflés aux ongles violets. Les marques rouges sur son visage. Mais une sérénité ambiante, qui nourrit.
Pas de larmes.
Une promesse silencieuse, seule avec elle. Jusqu’à la pièce glissée dans sa main « si on lui demande de payer sa place, là haut. C’est comme ça qu’on fait chez nous. »
Touchée, infiniment.

Sa trousse de toilettes à oursons.

Peu de monde, comme prévu.
Le blindage qui ne tient plus, à l’entrée du crématorium. Plus du tout. Tout s’entremèlent.
Leurs regards inquiets. Petit frère qui sèche mes larmes. Le même monsieur en costard qui s’approche « mais, c’était qui pour vous, madame R. ? » Un presque sourire, c’est sûr que la ressemblance physique n’est pas frappante. Quelque chose dans son regard qui me fait revenir sur mon "ils font ça à la chaine de toute façon, que de l’organisationnel, aucune empathie", pensé en suivant le corbillard. Eh ouais, loupé.

Des orchidées violettes et des pétales de roses à la place des renoncules oranges et rouges.
La sonate au clair de lune et Nicoletta à la place de Rue des cascades et autres comptines tiersiennes.
Mais le même aquarium à l’entrée, les mêmes sièges violets.
Elles se seraient bien entendues, toutes les deux. « De l’autre côté du chemin », qu’ils disent.

(...)

Finalement, le plus dur, c’est que le « nous » se dissout très rapidement. Rattrapés par l’autre réalité, les impératifs du quotidien.
L’attente, deux heures sous le soleil pour la boite grise protégée par un grand étui bleu.

Alors, voilà. Il n’y aura plus de « Oh, pétard ! », ni de « c’est magnifique » à l’ouverture de chaque cadeau à Noël, ni de batailles de chantilly, ni de (…)

Besoin d’accordéon, ces derniers jours. Battre un deux temps en ternaire sur La fiancée de l’eau.


Légère.

Vous savez, quand on est la petite fille d’une Dame qui prenait tellement soin des autres qu’elle s’en oubliait, notre boîte à souvenirs, elle est d’une richesse extraordinaire.




mercredi, avril 16, 2008

L'amour des parenthèses.

Parce que ce blog, c'est surtout un amas de parenthèses. De celles qu'on a envie de transformer en crochets.

Des parenthèses, donc.
J’suis allée voir ce que Lexi’, le Robert netien, en disait : Épisode plus ou moins long de l'existence, qui est considéré comme (...) extérieur au déroulement normal de cette existence.

La première, sept printemps en arrière.
Tremblante sur le quai du RER B, priant pour ne pas me perdre dans les dédales de la vie sous terraine. Notre Dame. Un bout de ciel, enfin. Et un coup de fil plus tard, une demoiselle aux cheveux auburns.

Les parenthèses, on y prend très vite goût. Si bien que dès qu’une se ferme, il faut que l’ouverture d’une autre soit prévue, peu importe quand.

Spontanément, une parenthèse, on la dirait rose. Mais en réalité, elle est plutôt à dominance orange, ou vert pastel.
Elle peut virer au gris foncé, aussi.

Une parenthèse peut être de plusieurs types :


gastronomique (ou plutôt gourmande),


musicale,

s'inscrire dans un rituel,


à visée (officiellement) touristique,


coconisante,
etc.


Evidemment, le mieux, c’est quand tout s’entrecroise.




Dernière parenthèse en date : Saint Antoine de l’Abbaye.


[Photo du monsieur accro aux pixels.] que j'aime !

Où l’on soignait le mal des Ardents.



Mais surtout où le ciel est plus bleu qu’ailleurs.

Et puis, c’est hyper confidentiel : ma musique à parenthèses, c’est la Comptine d’un été numéro 17, de Tiersen. (Eh oui !) (Introuvable sur le net... Mais -légalement- Ici)


J'aime écrire des notes teintées de niaiserie.

jeudi, mars 20, 2008

Les ombres se marient-elles en blanc ?

Fin d'aprèm = onset of a severe depression.

Seulement voilà, ne voulant pas me jeter dans la Seine avant le 7 mars, avec Melle C., nous avons trouvé le refuge idéal... le pays des ombres.


"(...) Au départ, au début du commencement: un soupçon, juste l'ombre d'un soupçon. (...)
Le sombre héros surgit de la nuit. Il tire plus vite que son ombre.
Hombre, quel est ton nombre ? Quel est le nombre des ombres ?
Il y a les ombres premiers ou décimaux. Il y a les ombres chinoises, les ombres sombres, les ombres lumineuses. Les ombres portées, les ombres îles du monde. Les ombres d'un doute...
Je suis comme mon ombre, partout où je vais elle est là, partout où elle va je suis là ; je ne suis que l'ombre de moi même ; un corps c'est toujours avec son ombre, un corps sait qu'une ombre n'est pas un corset.
Tout un chacun a une ombre, toute ombre a un chacun. Que font nos ombres lorsque nous avons le dos tourné ? Ombres, où êtes vous la nuit ? Mais au fait, on dit un ombre ou une ombre ? Il ou elle ? Mon nombre : il, ou mon ombre : elle ?"
Christophe Salengro d'après Claude Ponti.




(Depuis le temps que j'en rêvais...)

lundi, février 18, 2008

Festivités I

C'est parti pour une semaine en tête à tête avec Willow*, en apprentissage massé (évidement…), à ingurgiter, toujours plus.
Du retard mental à l’électroencéphalogramme, en passant par les stratégies de catégorisation, l’ethnopsychiatrie (Tobie, encore lui !), les violences intrafamiliales… Ce qui est bien, c’est qu’y en a pour tous les goûts !

* les expéditions remplissage de frigo ou BU ne comptent pas.

Objectif Licence, premier acte. Dès le 26 février.

Sur ce, si vous aussi vous êtes en période pré-festive, bonne survie ! Sinon, et bien… savourez.

samedi, février 02, 2008

(Respiration)

Sevrage netien indépendant de ma volonté, exams trop proches dans le temps, TDs à 8h qui servent à rien.
Chocolats viennois, R&J et salles obscures.
Mails sans réponse.
Gédéon [le violon] que je ne venderai pas, Dominathan et la cuillière en décomposition, le désormais mythique "imaginez par la pensée" du prof-agent stresseur [stats].
Jeudi, quelques minutes avant 9h " Suite à un incident de personne (...) retard d'une durée indéterminé"; "Roh mais c'est bon, c'est déjà de la bouillie putain, autant rouler dessus !" lancé par une très jeune demoiselle, suivie d'un long silence, voiture sept.

Petits yeux perdus au milieu d'un tas de pixels et de la fumée d'une cigarette, juste à lever les yeux. Ah non, pas de fumée cette fois.
Graphiques-audiométrie tout juste terminés.

Minutes qui filent bien trop vite, demain déjà.
Doubles cordes.


lundi, janvier 14, 2008

Oppression nocturne.

Angoisse. Ce mot s’est installé dans mon vocabulaire à l’époque où je fréquentais, par écrans interperposés, des demoiselles consommatrices d’anxiolytiques.
Du coup, je ne sais jamais si ce qu’il y a à l’intérieur, c’en est vraiment ou pas. (Et ça n’a aucune importance.)

Toujours est-il qu’heureusement que demain midi, on ne commence pas par le TP de neuro où il faut être passé par le royaume de Morphée pour avoir un tracé exploitable. (Oui, on branche des électrodes sur nos semblables. Parait même que c’est amusant.)

Cette nuit, l’écho se sera imposé de lui-même, en même pas deux clics.



Marie-Claude Pietragalla, extrait de Sakountala.


jeudi, janvier 03, 2008

...!...



« J’ai poussé des cris, beaucoup de cris, et de vrais cris.
Non pas parce que j’avais faim, ou soif, ou mal, mais parce que je commençais à vouloir «parler», parce que je voulais m’entendre et que les sons ne me revenaient pas.
Je vibrais.
Je savais que je criais, mais les cris ne voulaient rien dire pour ma mère ou mon père. C’étaient, disaient-ils, des cris aigus d’oiseaux de mer, comme une mouette planant sur l’océan.
Alors, ils m’ont surnommé la mouette.
Et la mouette criait au dessus d’un océan de bruits qu’elle n’entendait pas, et eux ne comprenaient pas le cri de la mouette.

(…)

De ma petite enfance, les souvenirs sont étranges.
Un chaos dans ma tête, une suite d’images sans relation les unes avec les autres, comme des séquences d’un film montées l’une derrière l’autre, avec de longues bandes noires, de grands espaces perdus.
Entre zéro et sept ans, ma vie est pleine de trous.Je n’ai de souvenirs que visuels.(…)
Avenir, passé, tout était sur une même ligne de l’espace-temps.

(…)

J’ai vécu dans le silence parce que je ne communiquais pas. Ce doit être ça, le vrai silence ?
Le noir complet de l’incommunicable.(…)
Le silence a donc un sens qui n’est qu’à moi, celui de l’absence de communication.
Autrement, je n’ai jamais vécu dans le silence complet. J’ai mes bruits personnels, inexlicables pour un entendant. J’ai mon imagination, et elle a ses bruits en images.
J’imagine des sons en couleurs.
Mon silence à moi a des couleurs, il n’est jamais en noir et blanc.
Les bruits des entendants sont aussi en images, pour moi, en sensations.
La vague qui roule sur la place, calme et douce, est une sensation de sérénité, de tranquillité. Celle qui se hérisse et galope en faisant le gros dos, c’est la colère. (…)
La lumière est importante, j’aime le jour, pas la nuit. (…) Avec mes yeux, dans la lumière, je peux tout contrôler. Noir est synonyme de non-communication, donc de silence.
Absence de lumière : panique.
(…)
Parfois mes parents m’expliquaient qu’ils allaient sortir. Pour moi, c’était un départ, un abandon.
Les parents disparaissaient et revenaient.
Mais allaient-ils revenir ? Quand ?
Je n’avais pas la notion de quand. Je n’avais pas les mots pour leur dire, je n’avais pas de langue, je ne pouvais pas exprimer l’angoisse.
C’était l’horreur.
(…)
Des yeux et le corps pour enregistrer la sensation.
Je me rappelle le ventre. Ma mère est enceinte de ma petite
sœur, je sens très fort les vibrations. (…)
J’aime aussi le ventre de mon père, le soir, quand il discute avec des amis, ou avec ma mère. Je suis fatiguée, je m’allonge près de lui, la tête contre son ventre, et je sens sa voix.
Sa voix passe par son ventre et je sens les vibrations. Ca me calme,
ça me rassure (…)

Quand il a su que j’étais sourde, il s’est tout de suite demandé comment je
ferais pour entendre la musique.
En m’emmenant aux concerts, toute petite, il voulait me transmettre sa
passion, ou alors il « refusait » que je sois sourde ?
Moi, je trouvais ça formidable.
Et c’est toujours formidable, qu’il n’ait pas mis d’obstacle entre la musique et moi. (…)
Et je crois que je percevais profondément la musique ; pas avec les oreilles : avec mon corps.
(…)
Un soir, mon oncle Fifou, qui était musicien, jouait de la guitare. (…) Il veut me faire partager la guitare. Il me dit de mordre dans le manche. Je mords, et il se met à jouer. Je ressens toutes les vibrations dans mon corps, les notes aigues et les notes basses.
La musique entre dans mon corps, elle s’installe, elle se met à jouer à l’intérieur de moi.
Maman (…) essaye de faire la même chose, mais elle ne supporte pas.
Elle dit que ça lui résonne dans la tête.
Il y a encore la marque de mes dents sur la guitare de mon oncle.
(…)
Certains parents d’enfants sourds se disent que ce n’est
pas la peine, ils privent l’enfant de la musique. Et certains enfants sourds se
moquent de la musique.
Moi j’adore. Je sens les vibrations. (…)
Les trompettistes qui gonflent leurs joues. Les basses. Je sens avec les pieds, avec
tout le corps si je suis allongée par terre. (…)Les pieds nus sur le sol,
accrochée aux vibrations, c’est comme ça que le vois, en couleurs.
Le piano a des couleurs, la guitare électrique, les tambours africains.

(…)

La musique est un langage au-delà des mots, universel. C’est
l’art le plus beau qui soit, il réussit à faire vibrer physiquement le corps
humain. (…) [Son] champ est très vaste, immense.

Souvent, je peux m’y perdre. C’est ce qui se passe à l’intérieur du corps.
Ce sont des notes qui se mettent à danser. Comme le feu d’une cheminée. Le feu qui rythme, petit, grand, petit, plus vite, plus lent… Vibration, émotion, couleurs en rythme
magique.

(…)

La danse, c’est dans le corps. Adolescente,j’adorais sortir en boîte de nuit avec mes copains sourds. C’est le seul endroitoù l’on peut mettre la musique à fond sans se soucier des autres.
e dansais toute la nuit, le corps collé contre les enceintes, le corps vibrant avecle
rythme. Les autres, les entendants, me regardaient, étonnnés. Ils devaient penser que j’étais folle. »



Le cri de la mouette, (extraits des chapitres 1 à 4), Emmanuelle LABORIT.


Voilà. L’instrument comme « liant pur », c’est exactement à ça que je pensais quand je voulais m’orienter vers la musicothérapie. (Puis, la réalité m’a rattrapée.)

En lisant ces passages, j’ai repensé à mon premier cours avec mon ancien guide-violoncelliste. On s’est installés, et pour illustrer la première leçon « La tenue de l’archet », il s’est mis à jouer quelque chose. Sauf que nos violoncelles étaient face à face, et donc, ses vibrations sont venues se répercuter sur mes cordes. Et moi (comme je suis nulle en physique et parfois quelque peu… naïve, dirons-nous), je ne m’y attendais pas du tout.
Des sensations qui s’imposent, comme ça, d’un coup, et qui vous submergent complètement.
Comme commencement, je ne pouvais pas rêver mieux.

Pourquoi ne pas essayer de rendre ces sensations accessibles (d’autant plus que leur proprioception doit être particulièrement développée) à ceux qui ne peuvent pas entendre la musique ?

Une approche ‘primitive’ de la musique, peut être.
Juste rechercher un mieux-être et/ou à s’exprimer. Prendre le temps, (s’)écouter, ressentir chaque son. Retrouver un rapport simple aux choses, pour pouvoir l’étendre à d’autres dimensions. Tant pis si ce n’est pas de la musique à proprement parlé, un enchainement de notes/rythmes/nuances, dont le résultat est plaisant à entendre. (Surtout que là, ils l’entendront pas…)

L’exemple type de ce que je rejette en bloc : les auditions des conservatoires.
Vous êtes là, tremblant(e) sur votre banc, en vous disant que c’est bientôt votre tour, et que le directeur, là tout près du piano, il va faire la grimace à chaque fausse note. Et que vos parents, dans la salle, ils vont avoir très envie de se cacher sous leurs sièges.
Parce qu’on est plus des petits humains, mais des petits robots que l’institution en question espère bien programmer. Pas le droit à l’erreur.
Pas de notion de plaisir ou de partage, ou tellement peu. Principalement de la performance, et bien souvent, de la compétition.

La fois où, à la fin du primaire, un… euh, je sais plus comment on les appelle… Vous savez, le titre qui vous est généreusement accordé, quand vous décrochez une licence de musicologie. A la fin d’un morceau, après beaucoup d’hésitations, je lui avais demandé combien de noires il y avait par mesure. Il m’avait répondu qu’on s’en fichait. (Un grand choc.)
J’ai longtemps pensé que c’était ça, et uniquement ça, la musique : de la technique, de la performance.

Un rejet pour mieux y revenir plus tard.
Je peux même dire qu’aujourd’hui, la musique est mon ‘principal liant’. Je constate souvent que je suis incapable de (re)créer un lien, si la personne en face n’a pas de… sensibilité musicale. A un tel point que je frise l’intolérance, parfois…

Quelques doutes, quand même.
Comme le but ne serait évidemment pas de leur poser des limites d’emblée, en expliquant qu’on doit se servir de l’archet, et qu’il doit être tenu de telle manière etc, mais de les laisser explorer, forcément, faut penser aux éventuels risques pour l’instrument… (Willow n’est pas assuré ^^)
Rajoutons que j’ai beaucoup de respect pour les instruments (oui, c'est possible !), que j’ai tendance à humaniser tous ceux qui sont faits de bois.
M’enfin, j’ai un minimum confiance en la nature humaine…
Je me demande surtout si on va me prendre au sérieux. Petite étudiante en psycho et violoncelliste en herbe depuis tout juste un an, et très peu d’expérience avec un « public handicapé sensoriel ».
(J’éviterai de présenter les choses comme ça, hein…).
Et si j’ai des bases assez solides pour réussir à faire passer ce que j’aimerais, et qui est pour le moment trop abstrait...


Le retour risque d’être beaucoup trop riche pour être gérable seule. Trouver d’autres instrumentistes (et/ou non instrumentistes), pour quelque chose d’aussi particulier, en sachant que la monnaie d’échange ne sera pas l’euro… Je crois que l’idéal du deuxième violoncelle, déjà, je peux oublier !
Et puis, la question essentielle : est ce que des personnes sourdes ou malentendantes seraient réellement intéressées ?
(J'ai pas encore commencé à contacter d'assoc', j'attends d'être un peu plus près du sol.)

Pour rester dans le paradoxal, ça m’a l’air à la fois utopiste et réalisable. Je sais pas où/quand/comment, mais j’y crois. [Tout comme il y a deux ans et demi]

Il y a aussi que ce sera(it) un clin d’œil à la demoiselle-jongleuse, qui parlait souvent de dépasser la barrière de la parole… Moi ça ne sera pas la langue des signes.

Réduire les différences grâce à la musique, enfin, plus exactement, aux vibrations.

C’est vraiment très frais, tout ça. Juste eu un tout premier retour du monsieur encore plus loin que d'habitude, et des premiers tests de vibrations willistiques sur autrui -> mon frère.

Vous êtes arrivés au bout ? Félicitations ! Sauf que, ce n'est pas tout à fait terminé... La raison pour laquelle j’ai appuyé sur « publier », c’est que j’aimerais bien avoir d’autres retours.
Avis, réticences, d’autres idées à greffer… Bref, le champ est libre !

Et, si jamais y a quelqu’un d’intéressé, de quelque manière que ce soit... :)