dimanche, mai 25, 2008

"Bientôt".

Mots clés du moment : Efficacité; Rapidité; Ambivalence; Coping.
Auquels on pourra bientôt ajouter Nostalgie.

En fin de compte, c'est rigolo, de travailler en groupe. Entre le contexte théorique et la grille d'analyse de contenu, un soudain moment d'intimité. On vous met un bébé de 9 mois dans les bras (là, vous priez pour que le vomi, ça soit réservé à la maman), on commence à vous raconter la vie sexuelle d'une collègue absente. Ou même, on exhibe ses seins devant vous. Ouais, c'est particulier. Ca doit être Freud qui déteint.
Il faut aussi se retenir de ne pas ouvrir de grands yeux quand vous entendez "J'vais devoir rentrer, y a Plus belle la vie qui va commencer !".
Heureusement, la productivité prime. A grand renfort de flan maison.

Deux semaines sans toucher à Willow. Son sol à rejoint son do.


Bientôt, il sera temps que je me procure ma bible, enfin !
Bien trop de "bientôt", en fait.


Nepasseposerdequestions, nepasseposerdequestions.

Les moments de répit n'en sont que plus précieux.

Eteindre toutes les lumières. Ou presque.

mercredi, mai 14, 2008

A la volée.

Lou, Merci.

Puisque tout va trop vite, il me faut prendre le pas. Tout prendre à la volée, les téors, les portes, rentrer dans les gens à contre sens, tant pis. Déjà loin.
Un haut de petite fille, après tout, pourquoi pas ?


Le livre de Willow, il n'intéressait pas grand monde. La gardienne l'a retrouvé. Et son enveloppe, déchirée dans les toilettes du hall. " J'ai pensé "musique", et j'ai fait le lien. Je savais bien que c'était à vous."
Depuis, elle a demandé à ce qu'on ne dépose plus de courier à la loge, le samedi.
Faudrait qu'elle lise Barbery.


Ah, et, voici Violetta. Adoptée le week end où il fallait être heureux. Ca a plutôt bien marché, d'ailleurs. Elle m'a accompagnée partout, depuis. Même qu'elle sait même pas piquer.
Je disais donc, Violetta. Dénichée sur les terres où j'ai poussé jusqu'au lycée.
(oui, c'est d'une importance capitale.)


Encore dix minutes. Sa bougie se consumme doucement.

En toute impudité. (Parce que j'aime pas les mots en "eur".)

Sur le trajet se dire que la solution, c’est de ne plus parler. Oui, voilà. Sans parler, je peux tenir. Juste une boule dans la gorge, c’est gérable, allez.
Sauf que la stratégie du mutacisme rencontre très vite ses limites, notamment avec l’automatique ça va ?

L’hôpital. Se blinder un peu plus à chaque «t’es sûre, hein ? » « c’est pas facile, tu sais, c’est peut être mieux que…. ». « Il parait que c’est mieux pour faire son deuil de toute manière ». Ne plus rien entendre.
Enfin, le monsieur en costard apparaît.
L’ascenseur qui déconne. Niveau moins trois.

Une gorgée de sirop de pêche avant de franchir les portes gris-moche.
L’angoisse parce qu’ « ils lui ont enlevé son alliance », et puis non, elle est bien là, à l’autre main. Ses doigts boursouflés aux ongles violets. Les marques rouges sur son visage. Mais une sérénité ambiante, qui nourrit.
Pas de larmes.
Une promesse silencieuse, seule avec elle. Jusqu’à la pièce glissée dans sa main « si on lui demande de payer sa place, là haut. C’est comme ça qu’on fait chez nous. »
Touchée, infiniment.

Sa trousse de toilettes à oursons.

Peu de monde, comme prévu.
Le blindage qui ne tient plus, à l’entrée du crématorium. Plus du tout. Tout s’entremèlent.
Leurs regards inquiets. Petit frère qui sèche mes larmes. Le même monsieur en costard qui s’approche « mais, c’était qui pour vous, madame R. ? » Un presque sourire, c’est sûr que la ressemblance physique n’est pas frappante. Quelque chose dans son regard qui me fait revenir sur mon "ils font ça à la chaine de toute façon, que de l’organisationnel, aucune empathie", pensé en suivant le corbillard. Eh ouais, loupé.

Des orchidées violettes et des pétales de roses à la place des renoncules oranges et rouges.
La sonate au clair de lune et Nicoletta à la place de Rue des cascades et autres comptines tiersiennes.
Mais le même aquarium à l’entrée, les mêmes sièges violets.
Elles se seraient bien entendues, toutes les deux. « De l’autre côté du chemin », qu’ils disent.

(...)

Finalement, le plus dur, c’est que le « nous » se dissout très rapidement. Rattrapés par l’autre réalité, les impératifs du quotidien.
L’attente, deux heures sous le soleil pour la boite grise protégée par un grand étui bleu.

Alors, voilà. Il n’y aura plus de « Oh, pétard ! », ni de « c’est magnifique » à l’ouverture de chaque cadeau à Noël, ni de batailles de chantilly, ni de (…)

Besoin d’accordéon, ces derniers jours. Battre un deux temps en ternaire sur La fiancée de l’eau.


Légère.

Vous savez, quand on est la petite fille d’une Dame qui prenait tellement soin des autres qu’elle s’en oubliait, notre boîte à souvenirs, elle est d’une richesse extraordinaire.