jeudi, décembre 27, 2007

De la difficulté d’être du genre féminin.


Tous les deux/trois mois, en plus du sang, mon corps part en quête de ses limites. Sauf que ça n’a absolument rien de ludique.

Tout commence par le voile blanc devant les yeux, qui s’épaissit.
Descendre les escaliers, avant de ne plus pouvoir.
Première entrevue avec l’émail.
Un « Hé, faut manger hein… » de ma mère (évidemment), à peine le temps d’articuler que non c’est pas ça du tout, le corps a pris le dessus.
Début du ballet sordique.
Les premiers aller-retours, passe encore. Viennent les plus redoutés, quand le corps expulse ce qu’il ne contient pas. Et le coeur qui ne cesse de cogner.
Les « Ca va, t’es sûre..? » mal assurés des parents, aux moments de répit.


Puis, enfin, s’allonger vraiment, attendant le sommeil, le seul à pouvoir presque tout effacer. Les vibrations des ronronnements contre ma jambe l’ont certainement aidé à venir plus vite.

Il est trois heures et quarante-six minutes. La douleur a laissé place à une putain d’envie de musique, d’intensité, de douceur, d’images, de contrastes, de partages, d'apprendre, de… Vivre, tout simplement.

(et de manger une clémentine.)

[Je publie pour que ce soit vraiment la dernière (des dernières) fois. C’est dingue, de pas savoir prendre de soi (médicalement parlant) à ce point. Je me donne un mois pour aller relever ma manche, et sourire à l’infirmière pendant que les petits tubes se rempliront.]

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