Parce qu'il est vrai que je suis très banale, comme fille.
Parce que je suis incapable de créer, parce que Tiersen, parce que toi.
Voilà.
mardi, mai 15, 2007
Quelques notes (solution de facilité ?).
Publié par Rose Noire , à 21:27 4 commentaires
dimanche, mai 06, 2007
L'Homme qui a su corréler Art et Humanité.
Il y a une semaine :
" Papa, mon portable est décédé.
- ... Qui ?
- Mon portable, mon téléphone !
- Ah ! Rostropovitch aussi.
- Euh, c'est pas très drôle...
- Non, c'est pas une blague
- Ca marche pas ! J'te crois pas !"
Et pourtant.
Quelques larmes rapidemment séchées.Il est immortel.
Le livre de Jules Roy était encore sous mon oreiller (cf. note sur Paris).
D'ailleurs, je préfère ses mots aux miens.
Rostropovitch a travers sa plume :
(1991, Il enregistre les Suites de Bach dans la basilique de Vézelay.)
« Soudain, un chant s’échappe, grandit, emplit l’espace, fracasse la glace de l’air, y tourbillonne, s’arrête, redescend brusquement, rejaillit. C’est le prélude de la Cinq. L’archet va et vient, pareil à une épée, se balance, s‘enroule dirait-on, autour de ce qu’il fait jaillir.
Une voix profonde coule dans les parois lisses du déambulatoire, s’y love, puis grimpe aux colonnes si blanches, encore qu’elles ne soient éclairées que par reflet, et plonge dans la nef, abîme où elle se perd. (…)
Silence soudain. Le maître se lève, vient à moi, m’embrasse encore. Trois baisers sur mes joues. C’est un embrasseur.
Sent-il que je réchauffe le désert où, maintenant rassis, il cisaille dans une sorte de rage les premières portées de l’allemande, puis les rejette et les renvoie d’un ton plus vif ? Ou seulement, comme pour un essai de voix, serait-ce un essai de transmission ? Des paroles claquent loin dans le vide. Le maître se relève, fait quelques pas, retourne à sa chaise, attire à lui son instrument, relance son archet, scie et rescie la même phrase, rampante d’abord, subtile dans ses approches et ses contournements, puis se ruant en même temps que les chauves-souris, d’un bond, par-dessus les colonnes du chœur et se perdant sur une eau charbonneuse. »
« Là où il était, savait-il qu’on l’entendait à présent de partout ? Qu’à travers les lames d’espace, sa musique dévalait du haut de nos deux tours dressées dans les étoiles comme des mâts de la NASA, qu’elle coulait non seulement avec les rivières en toute vers l’océan, mais sur les forêts endormies, (…) et je le voulais, sur toute la planète jusqu’aux avions de ligne où des passagers somnolaient, jusqu’aux continents où l’on mourrait de faim, jusqu’aux banlieues nègres où battait le tam-tam, jusque dans les profondes vastitudes de la Mésopotamie où les monstres volants américains zébraient le ciel de rayons.
Et pourquoi pas jusqu’au plus loin, jusqu’à ces îles où les eaux ne sont jamais calmes, où le vent fait hurler les chiens, où les gens vivent comme dans des goulags, pareils à des ombres, et jusqu’aux rives du Yang-tsé et jusque dans les déserts de Somalie ? Interprète et serviteur de la beauté, Slava raclait et raclait les cordes de son violoncelle comme avec une crinière de chimère.
(…)
Il me semblait que le reste du monde s’éloignait. La nouvelle lune n’apparaîtrait que dans trois jours, si bas sur l’horizon que d’abord on ne verrait pas tout de suite les cornes de son croissant. Dans notre île, seuls les nuages accostaient, et soudain tout devint obscur dans la nuit de mystère où Rostropovitch interprétait le Suites de Bach, danses profanes, pour lui devenues sacrées. Nos voûtes romanes supportent difficilement une autre musique : du Bach, même déguisé en esthète, même en laïc, c’était merveille, les pierres pouvaient se réjouir. Elles ne sont pas toujours à pareille fête. »
Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu, Jules Roy.
Ironie du sort, c'est ce moment que choisit mon guide pour m'abandonner... (Enfin, à confirmer.)
Pour finir, s'il ne fallait garder qu'un concerto,
Publié par Rose Noire , à 01:37 0 commentaires