La fac et le stage, ça laisse quand même beaucoup de(s) temps libres (ou plutôt, vides). Surtout quand on réalise qu'on n'envisage pas un M2 tout de suite.
Envie de vivre mieux, aussi.
Du coup, depuis bientôt un mois, je travaille. Je fais de l'intrusion consentie.
J'y apprends tellement plus qu'à la fac. Partir d'un évènement, de concret, s'interroger, cogiter, avoir envie d'ouvrir des livres, emprunter des films et documentaires sur le sujet. Je trouve cette démarche tellement plus logique, plus authentique.
Je me nourris, enfin.
Extraits.
Mardi dernier, je suis allée chez un monsieur; G., assez jeune, que je n'avais pas encore rencontré. [D'ailleurs c'est ce qu'il me plait dans ce boulot : ce sont de véritables rencontres].
Pendant qu'il était sous la douche et que je passais la serpière, on a sonné. "C'est le papa du gus !"
On parle de tout (et surtout de rien). Et puis, G. sort de la salle de bains. Le regard de son père change, il devient gris. Peu de mots échangés avec son fils. En sortant le fauteuil manuel (utilisé seulement à l'extérieur, G. marche, mais en titubant), il me glisse un "vous savez, j'ai toujours peur qu'il tombe". Et il s'en va, avec son regard triste.
Moins d'une heure plus tard, on sonne à nouveau. "Bonjour, c'est le frère à G.". Il dit lui "bonjour, ça va ?", me serre la main, lui répète "bon alors, ça va ?", G. rerépond, s'en suit un "bon bah, à demain G. !". Et il s'en va.
Midi et demi, rebelote, on sonne. Sauf que cette fois, le monsieur ne se présente pas.
Il vient installer un miroir. Très vite, un sentiment de gêne : le monsieur ne comprend pas G. [qui a des difficultés d'élocution. Mais avec un peu de concentration et d'attention, y a plus de soucis], qui est obligé de passer par l'écrit pour communiquer.
Une fois le monsieur parti, G. me dit "Ca y est, t'as vu toute la famille ! C'était mon autre frère."
Quand vous réalisez que vous considérer plus la personne que le handicap que la famille (en tous cas que le dernier frère) ça... remue.
Il y a les douches, et plus globalement tout ce qui est du domaine du rapport au corps et de l'intime.
Cet été, c'était ce qui m'angoissait le plus. Je ne m'attendais absolument pas à être propulsée dans l'intimité d'une trentaine de personnes (sur le contrat, c'était écrit "animatrice"; n'oublions qu'à la base je suis une fille naïve hein).
Là, ça ne me pose aucun problème, et pas à cause de la grande différence entre le handicap mental et physique. Mais parce qu'il y a tout les éléments qu'il manquait si souvent cet été : aller au rythme de la personne, avoir le temps d'être à son écoute. Tout bêtement. (Et puis certainement la non ghettoïsation, puisqu'ils vivent dans des immeubles où vivent aussi des personnes valides.)
Je redécouvre les douches comme moments d'entière mise à nue. C'est à dire au sens propre comme au figuré. Le moment des récits de vie spontanés.
Même sans eau chaude : mardi soir, chez un monsieur, la cinquantaine. C'est parti d'un "vous êtes pas des Iles, vous [aussi] ?" Il a commencé par quelques mots sur son enfance, et a remonté le temps. Sa vie d'avant. Avant l'accident qui lui a laissé tout le côté gauche inerte. Et les difficultés de l'après.
En moins une heure et quart, ce qu'il aurait mis deux ou trois entretiens-psy à mettre en mots, là, dans l'espace, jonchant ses innombrables canettes de bières vides.
(Bon, cela dit, on a jugé que j'étais apte à aller chez Le Chieur... vu le briefing, je sens que le dialogue, la dérision, tout ça, dimanche prochain va falloir que j'oublie.)
dimanche, mars 29, 2009
Intrusion consentie.
Publié par Rose Noire , à 00:42 1 commentaires
lundi, mars 16, 2009
Ecailles&Pétales.
A chaque moment fort, chaque évènement, nous nous entourons de fleurs.
La fleur porte presque l’évènement. Et une fois tous les pétales tombés ?
C’est en partie pour ça que je n’y ai pensé qu’un temps : trop délicates, trop éphèmères.
(Mais un soir, en ouvrant ma porte, fleurs il y eut tout de même.)
C’est ainsi que Luna entra dans ma vie.
Publié par Rose Noire , à 00:17 0 commentaires
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